La gestion des déchets urbains à Abidjan a connu une évolution tumultueuse au cours des dernières décennies. De 1960 à 1992, la Société Ivoirienne de Transport et d’Assainissement des Fosses (SITAF) était en charge de la collecte des ordures, du nettoyage des voies principales et du transport des déchets à la décharge d’Akouedo. Puis, de 1992 à 1999, c’était au tour de la société ASH International d’assurer le monopole de la collecte des ordures ménagères sur l’ensemble des 10 communes de la ville d’Abidjan.
Cependant, après la rupture avec ASH International en 1999, les communes ont pris en charge directement le ramassage des ordures ménagères. Cette période a vu l’apparition des précollecteurs avec pousse-pousse, qui récupéraient les déchets domestiques en faisant du porte-à-porte et les acheminaient à l’aide de brouettes ou de pousse-pousse vers les centres de groupage et de transfert. Si le système était gratuit au départ, il est devenu payant en raison de la rareté des passages à domicile. Une communauté s’est alors installée, contrôlant une sorte de mafia qui imposait des tarifs mensuels d’environ 1500 FCFA par foyer.
En 2007, l’Agence Nationale de Salubrité Urbaine a été créée, et en 2017, elle a mis en place un système qui a donné le monopole à deux entreprises, Ecoti S.A et Eco Eburnie, pour gérer la ville d’Abidjan. Ces entreprises ont assuré la précollecte, rétablissant la pratique de la SITAF et d’ASH, où il suffisait de sortir les poubelles le soir pour les retrouver vides le matin.
Cependant, les précollecteurs avec pousse-pousse n’ont pas disparu. Ils ont maintenant conclu un accord avec les collecteurs et les ramasseurs d’Ecoti et d’Eco Eburnie. Les ordures s’entassent désormais aux abords des routes, forçant tous les ménages à avoir recours aux précollecteurs avec pousse-pousse. Ces derniers reversent ensuite leur cargaison dans les véhicules de collecte d’Ecoti ou d’Eco Eburnie, moyennant une rémunération. Il est important de noter que la taxe sur l’enlèvement des ordures est toujours présente sur les factures de la Compagnie Ivoirienne d’Electricité (CIE). La gestion des déchets urbains reste un enjeu majeur à Abidjan, nécessitant une coopération efficace entre les différentes parties prenantes pour assurer une ville propre et saine pour tous ses habitants.
Eckra Benie, contributeur PepeSoupe à Abidjan
