D’épaisses volutes de fumées noires, une âcre odeur de souffre et une sensation de chaleur se mêlent à un précieux fumet. Nous ne sommes pas sur le lieu d’un sinistre mais bien sur un vaste marché aux poissons, fruits de la pêche locale. Ici à Port-Bouet Vridi, les femmes sont maitresses de l’endroit. Notre attention est attirée par dame Koko Affoua. Cette presque cinquantenaire exerce dans le domaine depuis un peu plus de 22 ans.
En plus de la dureté de l’emploi, elle doit composer avec des coûts toujours plus élevés chaque année.
Affoua peine à joindre les deux bouts. Elle doit tout de même s’accrocher pour faire face aux charges de ses plus jeunes enfants, encore scolarisés.

Elle s’approvisionne sur le marché du terminal de pêche du Port Autonome d’Abidjan voisin. Il lui faut composer avec des fournisseurs qui, de son aveu, peuvent des fois ne pas jouer franc jeu.
Il n’est pas rare de constater qu’au moment de fumer le poisson sur les grillages, une bonne partie peut être impropre à la consommation.
Des palabres s’engagent alors. Si elle obtient gain de cause, elle n’est dédommagée qu’entre 2 ou 5 000 francs CFA. Une bien dérisoire consolation devant les dépenses engagées.
Dame Koko rêve de quitter cette fumée toxique et posséder un magasin où elle revendrait des poissons déjà fumés par d’autres.
Elle est consciente que sa méthode de fumage est nocive à sa santé. Elle espère que des âmes généreuses lui viendront en aide pour l’aider à s’en sortir.
Eckra Benie, contributeur PepeSoupe à Port-Bouët