Dans les ruelles animées du quartier Adjamé Abrass, le métier de tissage rythme la vie d’un homme qui a su transformer son destin. Issouf Ganama, tisserand spécialisé dans la confection de lits Picot, incarne la persévérance et la résilience au cœur de ce quartier autrefois marqué par la délinquance. Depuis 1997, il façonne des merveilles à partir de fils à sécher et de tubes de fer léger, laissant l’empreinte de ses mains habiles sur chaque création.
Apprenti de son aîné dès l’adolescence, Issouf Ganama a trouvé sa voie dans l’art du tissage. Au sein d’Adjamé Abrass, un quartier qui a connu des temps tumultueux, il a su se forger une bonne réputation. Malgré les tentations d’un environnement gangrené par le banditisme, il a choisi de demeurer intègre et dévoué à son métier. Chaque jour, il métamorphose des fils en œuvres d’art, produisant en moyenne un lit Picot, avec des prix variant entre 18 000 et 35 000 francs, en fonction de la qualité et de la taille.
L’ancien cinéma Royal, où nous avons rencontré Issouf Ganama, devient le témoin de son aventure. Son visage rayonne de fierté, et il partage avec enthousiasme l’unique anecdote qui traverse son esprit : celle de sa capacité à subvenir dignement aux besoins de sa petite famille, tout en évitant l’oisiveté. Le tissage n’est pas seulement son gagne-pain, mais aussi une échappatoire qui l’a préservé d’une voie moins honorable.
Issouf Ganama exprime une gratitude profonde envers son métier qui a façonné son parcours. Il sait que sans cette passion pour le tissage transmise par son aîné, il aurait pu être entraîné dans une trajectoire bien différente. Aujourd’hui, il regarde en arrière avec émotion, fier du chemin parcouru.
Dans un quartier où les fils du destin semblaient parfois s’entremêler avec ceux des métiers illégaux, Issouf Ganama a su démêler les siens pour tisser une existence honorable.
Bainguié Jean-François, contributeur PepeSoupe à Adjamé.