Waraniéné est une localité située à près de 490 kilomètres d’Abidjan dans le nord de la Côte d’Ivoire. Que vous y soyez de bon matin ou au crépuscule, le spectacle est le même : vous verrez des personnes boiter ou souffrant de fracture ou de luxation qu’on transporte à motos. Tous convergent vers la concession de la vieille Tuo Sita qui habite avec son fils Coulibaly Jibril, un tradipraticien très connu dans la région, et même au-delà.
Agé de 35 ans, Coulibaly Jibril est doué pour soigner ou plutôt pour « réparer » les membres des accidentés de toutes sortes. Des fractures simples ou multiples aux os déboîtés en passant par les ligaments rompus, les entorses et les plaies béantes ou non, Jibril en fait son affaire. La « clinique » de Jibril a vu passer bien des traumatismes qu’il a fini par guérir même quand le patient n’avait plus d’espoir. « Ce pouvoir de guérir m’a été transmis par mon père, issu de la caste des guérisseurs traditionnels de notre clan. Ma mère quant à elle a toujours été à mes côtés. Elle m’assiste et me conseille », affirme-t-il, reconnaissant.
Pour Jibril, il ne s’agit pas d’un métier, c’est surtout un sacerdoce. En effet, pour se faire soigner chez Jibril , il faut juste apporter un canari pour le bain spécial fait de plantes rares et secrètes, un jeune coq et une somme symbolique de 100 francs CFA pour la provision en beurre de karité, élément essentiel de la pratique. Après guérison, le patient peut s’il le désire offrir un présent ou de l’argent preuve de sa reconnaissance. Il n’est pas tenu de le faire. Après guérison certains reviennent saluer, mais pas tous. En tout état de cause, Jibril dit le faire pour aider comme son père l’a fait avant lui, le reste n’est que bonus, car sa satisfaction est de guérir.(299 mots)