Dans nos villes modernisées, le métier de circonciseur traditionnel professionnel se fait de plus en plus rare. Jadis, à Abidjan, on les croisait fréquemment dans les rues, ces circonciseurs appelés communément “à coupé“. Ils étaient une curiosité pour les enfants qui se pressaient autour d’eux. Leur métier était considéré comme sacré, leur conférant une place privilégiée au sein des familles et de la communauté.
Cependant, avec l’avènement de la modernisation, la médecine moderne a peu à peu pris le pas sur les traditions ancestrales, et le métier de circonciseur traditionnel tend à s’effacer, remplacé par des pratiques médicales plus conventionnelles. Malgré cette évolution, quelques rares circonciseurs traditionnels continuent de perpétuer cette pratique ancestrale. Moumouni Yahya, originaire du Niger, est l’un de ces gardiens de la tradition que nous avons rencontré le 17 juillet à 11h à Abobo Agripac. Exerçant ce métier hérité de son père depuis plus de trois décennies, il a effectué des milliers de circoncisions, touchant des clients de tous âges, des enfants aux personnes âgées.

Pour Moumouni, être circonciseur traditionnel ne se limite pas à réaliser des actes chirurgicaux, car il se considère également comme un tradipraticien de base, capable de traiter divers problèmes de santé, notamment ceux liés au sexe. Il exprime ses inquiétudes face à la tendance actuelle de pratiquer les circoncisions dès la naissance, estimant que cela pourrait exposer les individus à des problèmes de santé sexuelle à l’âge adulte. Selon lui, la meilleure période pour effectuer une circoncision serait vers l’âge de 7 ans.
Le coût des prestations varie en fonction de l’âge du sujet et de son état de santé. Cette profession hautement médicale demande un professionnalisme et une connaissance approfondie des pratiques traditionnelles. Une formation initiatique dans la médecine traditionnelle est essentielle.
Malgré la pression du modernisme, des circonciseurs traditionnels comme Moumouni continuent de transmettre cet héritage culturel ancestral. Leur métier, autrefois si répandu, lutte désormais pour sa survie dans un monde en perpétuelle évolution.
Bainguié Jean-François, contributeur PepeSoupe à Abobo.