Nul besoin de démontrer que lorsqu’un groupe social culturel rencontre une culture différente de la sienne, il se trouve en position d’établir une relation interculturelle conduisant à l’interculturalité. Le phénomène de “grin” dont l’origine est malienne à pris presque toutes les régions de Côte d’Ivoire. Ce sont surtout des jeunes, dont la similitude culturelle est proche de celle du Mali, qui l’ont adopté et qui en sont les principaux animateurs. Le “grin” se veut un lieu de rencontre. Rencontre pour échanger, pour se distraire entre jeune de la même génération. Peu importe l’endroit, il faut qu’il soit accessible, que la présence en groupe ne gêne pas le voisinage. Quand tous ses éléments factuels sont réunis, alors le thé peut être servi et les joutes oratoires peuvent commencer. Au “grin”, le respect est mutuel quel que soit le niveau social.
À Sorobango se sont les membres de l’association « frotomougou » qui signifie en langue malinké « les oiseaux de même plumage vol ensemble » qui caractérise les “grins”. Yoboua Drissa, aide-soignant au dispensaire de Sorobnago, est membre du “grin” « frotomougou ». Il explique que la plupart des jeunes sont des agriculteurs et qu’ils sont là tous les soirs pour discuter de tout et de rien, mais aussi pour savoir comment participer aux activités de Sorobanga. Yoboua ajoute que lorsqu’ils doivent être sollicités pour quelque chose, c’est dans le “grin” que l’information passe. En attendant, il ne se frotte pas trop les yeux, car un « grin » de piment dans l’œil, ça fait mal.
Jacques Alfred TAHO, contributeur PepeSoupe à Bondoukou