Diomandé Yssouf dit Pancho est chauffeur de taxi brousse dans la préfecture de Taabo. Il dessert la ligne de Pacobo-Toumodi. Il roule une voiture ordinaire comme la plupart des taxis de type japonais que l’on trouve dans toutes les villes. Ces véhicules comportent généralement 5 places assises, y compris le conducteur. Afin de réunir une marge bénéficiaire conséquente, les chauffeurs de ces taxis prennent le plus souvent 7 personnes.
Faisant ainsi de la surcharge, au mépris des règles élémentaires de la conduite des voyageurs. Face à cette situation, les personnes qui voyagent d’un village à un autre, n’ont d’autre choix que de plier à la norme paysanne. A l’avènement du covid-19, le comité national de lutte contre la pandémie a pris des mesures pour éviter la contagion. Parmi celles-ci figurent l’obligation de distanciation sociale réglementée à plus d’un mètre entre 2 personnes, et l’interdiction de regroupement à plus de 50 personnes.
Cela n’arrange pas du tout Pancho et ses camarades conducteurs. « Si nous passons de 6 à 3 personnes, comment faire pour nourrir nos familles ? Le syndicat local, les rabatteurs et les chargeurs se partagent la recette avec nous. Sans compter que la voiture appartient à un propriétaire ! Nous sommes donc obligés de faire payer le double par les passagers » s’exprime ainsi le jeune conducteur ce mercredi 22 avril 2020, à la gare de Lomo sud. En somme pour les chauffeurs comme pour les passagers, le covid-19 a tout mélangé.