En Côte d’Ivoire, la dépigmentation est devenue un phénomène de grande ampleur, touchant plus d’une femme sur deux. Selon des études cliniques, environ 53 % des femmes âgées de 15 à 45 ans, sans distinction de classe sociale, utilisent des produits éclaircissants pour altérer la couleur naturelle de leur peau. Ce phénomène, profondément ancré dans certaines perceptions socioculturelles de la beauté, témoigne de la pression sociale à laquelle sont soumises de nombreuses femmes pour se conformer à des standards de beauté occidentalisés.
Les produits utilisés pour cette pratique comprennent des crèmes, huiles, sérums et autres lotions contenant des substances dangereuses comme le mercure, les corticoïdes, la vitamine A, et l’hydroquinone au-delà du seuil de 2%. Malgré l’interdiction de ces substances par un décret adopté en avril 2015, ces produits continuent de circuler librement dans la ville, souvent vendus dans des boutiques et marchés locaux. Le non-respect de cette réglementation pose un sérieux problème de santé publique, les produits étant liés à des complications graves telles que l’hypertension et le diabète.
Dans ce contexte, certains, comme Konan Mickaël, tentent de tirer leur épingle du jeu en offrant des solutions alternatives. Depuis 10 ans, Konan Mickaël vend une lotion en provenance du Ghana, prétendant qu’elle peut guérir les brûlures causées par la dépigmentation, ainsi que d’autres affections cutanées comme la teigne, les dartres, et les vergetures.
Konan a commencé son activité dans les rues de Koumassi avant de s’installer au marché gouro d’Adjamé, où il est devenu une figure respectée. Pour lui, cette entreprise n’est pas seulement un moyen de subsistance, mais aussi une source de fierté et de respect dans sa communauté. Cette histoire illustre comment des individus cherchent à naviguer les complexités d’une société où les standards de beauté, la santé et la subsistance s’entremêlent de manière parfois dangereuse.
Cependant, cette solution “miracle” pose également des questions sur l’efficacité réelle et la sécurité de telles alternatives, dans un environnement où la régulation des produits cosmétiques reste un défi. Le cas de Konan Mickaël est révélateur des dynamiques économiques et culturelles qui sous-tendent le phénomène de la dépigmentation en Côte d’Ivoire, un sujet qui continue de susciter débat et préoccupation.