Ce 18 septembre, un lieu atypique nous a ouvert les portes de son quotidien. Le pont piéton de Williamsville, devenu un centre commercial depuis quelques années, est un eldorado pour de petits commerçants qui n’ont pas réussi à obtenir des emplacements sur les marchés traditionnels, soit par manque de moyens. Traoré Ouman, mère de famille, vend des oranges sur ce lieu depuis 1993. Elle nous relate les difficultés quotidiennes et les réalités des petits commerçants établis à cet endroit. Ouman met en avant sa précarité financière qui l’a contrainte à s’installer sur ce pont. À l’époque, il n’y avait pas autant de commerces, nous dit-elle. Mais depuis peu, cet endroit est devenu un marché à part entière, faisant vivre plusieurs centaines de familles.
Sur le pont, tout comme aux abords, on y trouve une multitude de petits commerçants de tous genres venus “se chercher” comme on le dit à Abidjan. La quête d’un moyen de subsistance contraint plus d’un à aller à l’encontre des principes préétablis. Selon Traoré Ouman, la mairie d’Adjamé est contre ces installations anarchiques, et il arrive parfois qu’ils soient déguerpis par des agents municipaux et que leurs marchandises soient saisies. Malgré cela, ils persistent dans cette activité.
Les révélations partagées par Traoré Ouman sous la fine pluie qui tombait ce matin mettent une fois de plus en avant le manque d’espace disponible pour les activités commerciales face à une demande qui croît à la vitesse de l’éclair, en raison des difficultés économiques, des pressions liées à la vie chère et de la détermination à sortir du chômage.
La transformation du pont piéton de Williamsville en un marché informel témoigne de la résilience des citoyens face à des défis économiques. Cependant, cela soulève également des questions sur la régulation de l’espace urbain et la nécessité de trouver des solutions durables pour répondre aux besoins des petits commerçants.
Bainguié Jean-François, contributeur PepeSoupe à Adjamé.
@Fadel Koloma
Image 1 Traoré Ouman, vendeuse