Dame khady Diouf-Sylla savait bien qu’il risquait de se passer quelque chose ce jour. Mais comment et surtout où ? Car tous les ans, à cette date de 15 avril, une foule de parents et amies célébraient avec elle, son anniversaire de naissance. Seulement voilà, en cette année 2020, avec la pandémie de Covid-19 et ses mesures sanitaires, rien n’était moins sûr. Bien entendu elle avait reçu des coups de fil toute la matinée, pour lui souhaiter une joyeuse fête.
Jusqu’à 12h cependant, elle ne vit aucun signe d’une quelconque organisation. Elle ignorait que pendant ce temps, au quartier Energie de la même ville de Yamoussoukro, sous la direction de Tata Mahi, les plats les plus délicats de la cuisine sénégalaise étaient prêts à être convoyés vers Dioulabougou. Environ une dizaine de personnes s’étaient donné rendez-vous en toute discrétion. Frères, sœurs, cousins-cousines et des amis de la famille. Pour ceux qui sont retenus à Abidjan et ailleurs pour cause de confinement, l’on avait prévu de sortir le moment venu, les téléphones portables pour chanter à l’unisson le fatidique “Joyeux anniversaire“.
Dans le scénario Tantie Khady avait été contrainte de raccompagner une voisine à 2 pâtés de maisons. De sorte que pendant son absence, le service traiteur avait eu le temps de mettre les plats dorés, inhabituels. Tout ce beau monde était prêt quand elle arriva. Dès son entrée dans le vaste salon, les flashes crépitèrent et un chant tonna à l’unisson. La vidéo en direct envoya les images et les sons de la fête à travers le monde. Il était 13 heures quand Tantie Khady essuya sa première larme.