Le 4 mars 1984, au cœur du stade Félix Houphouët-Boigny rugissant, la Côte d’Ivoire bat le Togo (3-0) lors du match d’ouverture de la 14ème Coupe d’Afrique des Nations, la première organisée sur son sol. A cette époque, il n’y avait que 8 pays, répartis en deux poules, engagés dans la compétition. À la 2ème journée, les Eléphants sont d’abord ébranlés par la maîtrise tactique de l’Égypte avant de s’écrouler devant le réalisme et la puissance physique du Cameroun à la 3ème et dernière journée des matchs de poules.
C’est l’ultime acte d’un mélodrame joué par les acteurs d’une sélection composée majoritairement de joueurs du championnat local. Elle comptait seulement quatre professionnels issus de modestes clubs européens. L’engouement populaire, l’inexpérience, la dimension de l’enjeu, la qualité des adversaires dont le Cameroun, présent à la Coupe du monde 1982, ont eu raison de l’équipe nationale de football. Les Éléphants choyés par les voix de la passion, sont noyés par le poids de la mission. Ils sortiront humiliés de la scène.

39 ans plus tard, « les données personnelles » des joueurs ont changé. La quasi-totalité est professionnelle. Certains proviennent de clubs huppés, d’autres, portent dans leurs jambes, les marques de plusieurs CAN. Serge Aurier, Éric Bailly, Max Alain-Gradel, Sangaré Ibrahim, Franck Kessié ou Déli Simon ont de l’expérience. Ils seront plus sur un trajet prophétique que dans un projet initiatique. De plus, la vision des autorités a changé. La CAN 2023 sera moins un rendez-vous festif qu’une quête victorieuse.
Ce qui n’a pas changé, c’est la qualité des adversaires. Parmi eux, le Maroc, demi-finaliste du dernier mondial. Ils brandiront, une nouvelle fois, le défi physique et tactique. Ils n’auront aucun scrupule à s’emparer du trophée comme en 1984. Face à l’engouement populaire qui restera le même, l’engagement des Éléphants ne doit pas être le même.
Arthur Zébé