Les Éléphants de Côte d’Ivoire arrivent à Ziguinchor au Sénégal pour la CAN 1992 désormais à 12 équipes. Ils arborent une modeste préparation à Abidjan et un stage cahoteux au Portugal. Dans les esprits, s’estompe le tiraillement entre les joueurs et certaines autorités qui voulaient remplacer l’entraîneur Yeo Martial par le Français Philippe Troussier. « Avant de partir en 1992, on avait voulu que ce soit Troussier qui prenne ma place mais ce sont les joueurs qui ont fait un sit-in devant le cabinet du ministre pour les obliger à me maintenir », explique Yeo Martial.
Ils sont dans la poule C avec l’Algérie et le Congo. Le socle de l’équipe était composé de Gouaméné Alain dans les buts, Obou Arsène, Aka Kouamé, Sam Abouo Dominique, Diaby Sékana, le capitaine Gadji Céli, Youssouf Fofana, Abdoulaye Traoré et Sié Donald Olivier. Dans les autres poules, on retrouve les principaux habitués des épopées continentales : Egypte, Cameroun, Nigéria, Ghana, Maroc, Sénégal le pays organisateur et la Zambie. Après une victoire 3-0 face à l’Algérie et un nul contre 0-0 devant le Congo, les Ivoiriens battent la Zambie en quarts de finale 1-0 après prolongation.
En demi-finale, ils vont vaincre leurs bourreaux préférés les Camerounais aux tirs aux buts après prolongation. Le 26 janvier 1992, ils gagnent aux tirs aux buts une finale interminable contre le Ghana 11-10 après un score de 0-0. Ils avaient déjà deux prolongations dans les jambes. « Nous étions cramés. C’était le match de la peur. Je me souviens d’un match fermé. Le stade était majoritairement pour le Ghana », confie Alain Gouaméné. Ce dernier élu meilleur gardien de cette CAN, a participé au tournoi flanqué d’une ceinture lombaire pour une blessure au dos en plus d’une sciatique au pied droit l’obligeant à utiliser exclusivement le pied gauche.
Première finale de CAN et première victoire pour des Éléphants dominateurs. Aucun but encaissé en cours de jeu et une solidarité ahurissante. L’accueil en Côte d’Ivoire sera triomphal. De la première escale à San Pedro jusqu’à Abidjan, ils vont recueillir une reconnaissance mémorable de toute la nation ponctuée par la magnanimité de Félix Houphouët-Boigny, le président de la République de l’époque.
Arthur Zébé