Avant le début de la CAN 1992 au Sénégal, le gardien de but de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire, Alain Gouaméné, subit une opération chirurgicale au bas du dos. Il avait une sciatique au pied droit. Cela lui vaudra de compétir avec une ceinture lombaire et d’utiliser uniquement son pied gauche. Gouaméné était sous surveillance médicale permanente. Lors de la demi-finale contre le Cameroun, les Ivoiriens concèdent un penalty en cours de jeu.
Quand l’attaquant camerounais François Omam-Biyik s’empare de la balle pour l’exécuter, Gouaméné panique et crie à ce dernier : « Je sais comment tu tires tes penalties ». À ce moment-là, son partenaire Emmanuel Kundé se charge du tir et Gouaméné l’arrête. « En réalité, j’ai remarqué que Kundé tirait généralement sur le côté gauche. J’ai dit cela à François Omam-Biyik pour qu’il laisse le ballon à Kundé. Un gardien est obligé d’avoir des informations sur tous les joueurs. Leur comportement lors des tirs aux buts ou des coup-francs », explique-t-il.
Et il ajoute, sur les coups de pieds arrêtés : « Si tu ne retiens pas ce qui s’est passé en amont, tu es mort ». C’est cette mémoire qui lui a permis d’arrêter en demi-finale le tir au but de Joseph Antoine Bell qui était son partenaire à l’Africa sports d’Abidjan. Selon le docteur N’da, le médecin de la sélection, au cours de la finale contre le Ghana, Gouaméné a levé le bras et s’est écroulé. En voulant le traiter, il m’a soufflé : « Laisse tomber docteur, je n’ai rien. Je fais semblant d’être blessé à l’épaule pour obliger les adversaires à tirer sur ce côté et je vais tout prendre ».
Selon N’da, il a effectivement tout arrêté. « Je loue l’intelligence et le courage de Gouaméné Alain. À l’hôtel, il passait beaucoup de temps devant la télé pour remarquer les placements, les déplacements et les façons des joueurs adverses de tirer au but. Avant la demi-finale, il a même appelé Zahoui François au téléphone pour qu’il lui dise comment le Camerounais Cyril Makanacky tirait ses penalties », souligne-t-il. Cependant, pour son dernier arrêt victorieux du tir au but du Ghanéen Anthony Baffoe en finale, il a fallu de la chance : « J’ai choisi d’aller à droite. S’il tirait ailleurs, tant pis. Et là, j’ai vu la balle venir vers moi. Je l’ai arrêtée ». Une inspiration providentielle qui a lancé une gloire éternelle.
Arthur Zébé