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OLY LA MACHINE CHAMPION DU MONDE MUAYTHAI

Bonjour Oly, comment vas-tu ?
Bonjour, je vais bien.

Oly tu es marié ?
Oui et père de 2 enfants.

Et la boxe ne met-elle pas en péril ta vie de couple vu tes nombreux combats et absence en raison des voyages ?
Non même pas. À la base madame est un fan de boxe, elle aime bien ce que je fais donc tout va bien.

Depuis combien d’années pratiques tu la boxe ?
Depuis maintenant 8 ans que je fais de la compétition. Et j’ai commencé depuis l’âge de 18 ans.

Ok mais ce n’est pas tard de commencer à 18 ans ?
Ça dépend, pour le niveau international oui mais pas pour le niveau qu’a la boxe sous nos cieux (en Afrique). On dirait même que pour la cote d’ivoire c’est tôt puisque ce sport n’est pas entièrement vulgarisé ici. Contrairement au pays asiatique ou le coach Ekapop a commencé à boxer dès l’âge de 8 ans raison pour laquelle il a plus de 400 combats à son actif. C’est mon souhait qu’aujourd’hui les jeunes commencent un peu plus tôt jusqu’à ce que la boxe tai devienne olympique.

As-tu des références en côte d’ivoire ou même dans l’Afrique entière ?
Bien évidemment, j’ai des références et des modèles tels qu’Idrissa Coulibaly, Dry John d’Adjamé, Roger Pachy et bien d’autres. Je dirai même que cette génération était de la mauvaise époque. S’ils étaient de notre génération il serait encore plus élevé vu l’ascendance de la boxe aujourd’hui. Vu leur vaillance, leur compétence et leurs technicités ils auraient fait un carton s’ils avaient les opportunités que nous avons aujourd’hui. Nous nous inspirons d’eux pour nous bâtir et inspirer d’autres derrière.

Donc actuellement tu partages tes expériences aux plus jeunes, tu es aussi beaucoup sollicité par les jeunes !
Oui, c’est très important pour moi de partager et de transmettre le meilleur de moi à la génération future. Quand j’ai commencé à boxer déjà, 1 an après je dispensais des cours aux amoureux de la boxe. Donc depuis le départ, moi j’aime bien transmettre et partager mes compétences avec les autres vu que dans la vie c’est dans les échanges qu’on apprend. Quand tu t’entraines c’est pour ta propre personne mais quand tu transmets, tu coach, tu as la possibilité de donner le meilleur de toi et en même temps t’observer au travers de celui à qui tu donnes.

Tu as débuté directement dans la catégorie des poids lourd ?
Oui, on va dire ça, moi j’ai commencé directement puisque déjà à 18 ans je faisais 90 kilos. D’ailleurs mon premier combat je l’ai fait à 93 kilos.

Ce combat était une victoire pour toi ou une défaite ?
Malheureusement c’était une défaite. C’était en 2012, mais ça été pour moi une expérience magnifique. Et c’est même ce qui m’a donnée plus envie de boxer.

Qui était ton adversaire à ce combat ?
Aaaah ! C’était un grand frère ‘’Kirikou’’, un guerrier, deux fois champion de C.I et moi dès le départ, je combattais au charbon. Aujourd’hui, les gens voient le haut niveau mais on vient de quelque part. Techniquement, les occidentaux sont bons mais nous c’est la guérilla. Nous avons un engagement physique considérable dans la pratique. Allier technicité et engagement physique est un grand atout pour nous. En mode guerrier, nous sommes plus forts.

Est-ce à dire qu’un bon combat se gagne par la mise en évidence de la technicité ou par la capacité physique ?
Non. C’est plutôt un mélange des deux. Mais le combat c’est l’art de la guerre, c’est comme un projet. Il faut l’accompagner d’une stratégie conçue avec une bonne intelligence.

 Est-ce que le stress peut impacter le moral d’un combattant à un moment donné ?
Bien sûr, le stress peut te faire burger. Une émotion peut prendre le dessus sur toi, si tu laisses ton cœur te guider à un certain moment. Mais si tu laisses ton cerveau diriger les choses, il va arriver à modérer les choses et à injecter l’élément contrôleur de cette émotion. Je dis tout le temps aux personnes qui me connaissent que l’émotion est traitresse. Il ne faut pas se focaliser dessus puisque c’est passager et temporaire.

Alors Oly, à arme égale, à niveau égal, qu’est-ce qui fait la différence entre toi et les autres boxeurs. Quelle est ta particularité ?
C’est l’envie et la passion. Tu peux perdre un combat si tu le fais de manière fanatique.

On te considère comme un champion, pour toi à la vérité c’est quoi un champion ?
Ce sont les gens qui le disent, pour moi un champion c’est celui qui fait avancer les choses. Gagner les trophées et les combats. C’est bien beau ! Dans mes échanges avec un grand frère, quelque chose de très vrai. Au fait, la vie tu viens, tu pars, mais le plus important c’est ce qu’on laisse derrière nous. Qu’est-ce que tu laisses ? C’est le plus important. Un vrai champion, c’est celui qui vient et marque son époque pour plusieurs générations derrières lui. Il part par la suite mais des décennies après, on parle de lui, mais aussi de ses actes. Il fait des percées, il a fait des avancées. Aujourd’hui, on continu de parler de Einstein dans nos écoles, Pythagore et autres. Dans le football on continu de parler de Pélé et bien d’autres. C’est ainsi que dans des années à venir on parlera de Cristiano Ronaldo, Michael Jordan. On continu de parler de lui. Dans la boxe nous avons des références telles que Mohamed Aly, qui n’est plus de ce monde, mais on continu de parler de lui. En gros, c’est ça être un véritable champion pour moi. Naitre, exister, et mourir mais en marquant son époque et demeurer dans la mémoire des hommes. Il ne s’agit pas que de prendre des titres et faire le malin. Il faut marquer sa génération positivement, il faut que ton histoire puisse parler aux âmes des autres, c’est en cela qu’on reconnait un vrai champion. En Côte d’Ivoire, de la génération 92 à nos jours, on continu de parler des champions, Ben Bady, Didier Drogba, Yaya Touré, etc… voici des champions qui nous ont fait rêver !

Parlant de trace ; penses-tu que tu marques ton époque actuellement ?
Pour cela, ce sont les gens qui le diront. Moi, je sais simplement que je suis sur terre en mission et si jusqu’à ce que je m’arrête, si dans 100 ans on parle encore de moi, on pourra le savoir. On verra dans le futur… rire !

Qu’est-ce que tu veux laisser à cette génération ?
Faudrait qu’ils sachent qu’ils ont le droit de croire. De croire en eux et qu’ils aient la foi, il n’y a rien de figé. En fait, faudrait qu’ils sachent que tout le monde à un but dans la vie, c’est ce que j’appelle le destin. On a tous un destin, tout est déjà écrit et moi j’ai foi en ça, mais on ne sait juste pas comment l’atteindre. C’est le chemin pour y arriver qu’on ne connaisse pas. Maintenant, c’est en posant les pas chaque fois quand tu as la chance que Dieu t’éclaire. Tu dois savoir où tu vas et tu poses les actes en fonction. Malheureusement, il y a des gens qui ne le verront pas tout de suite parce qu’ils sont distraits par d’autres choses. Ils ne voient pas vraiment l’objectif, ils ne comprennent pas que Dieu gère le temps selon lui, car c’est à lui qu’appartient le temps. Quand moi je quitte Soubré quartier Kennedy, je n’étais pas destiné à être boxeur, j’ai aimé le sport toute ma vie, j’ai joué au foot, au rugby. Enfant, je jouais au basket, je faisais déjà des flips au quartier, je mimais Jean Claude van dam, Bruce Lee. Je n’ai jamais pensé qu’aujourd’hui à cause de la boxe je serai inséré socialement et avoir un impact sur certaines personnes sportivement ou socialement parlant. Mais j’ai la chance, je me souviens de ça et quand ça a commencé Dieu m’a fait tout de suite comprendre que c’est ça le destin.

Tu es peut-être philosophe mais je te sens très spirituel !
Pour moi, Dieu, c’est la base. Parce que la croyance est d’une importance capitale dans ma vie telle que la foi. Ma mère est décédée en 2017, mais elle est un modèle pour moi parce qu’elle m’a appris à croire en Dieu. Les africains ont une énorme foi mais qui est parfois mal utilisé. Quand tu nais d’une famille animiste, qui par la suite fait la connaissance du véritable Dieu par la religion chrétienne, c’est extraordinaire. Et c’est quand moi je viens au mode que ma famille fait la rencontre avec le véritable Dieu, alors pour moi Dieu, Jésus, la religion ont une valeur hautement symbolique, hautement importante. En aucun cas, je ne pourrais me défaire de ça. Je ne suis certes pas le meilleur humain, l’homme parfait, je ne suis pas la meilleure religion. Mais croire, c’est important et on ne peut pas m’empêcher de croire en Dieu, pour moi Dieu c’est tout, c’est hier, aujourd’hui et éternellement. Entre Dieu et moi, c’est une relation très forte. C’est pourquoi, il m’arrive d’aller en compétition tout seul, sans mon staff et je reviens victorieux, sachez que si je n’ai pas la foi, si je n’ai pas Dieu je ne peux pas me permettre de faire ça. C’est lui qui me pousse, et me donne le courage de tout faire. Si tu vas entrainer ou travailler, c’est un autre cas mais quand tu pars en compétition tout seul sans staff, avec l’hostilité de la foule et à la fin tu n’as que la foule qui t’applaudit pour la victoire, sincèrement si ta pas la foi en Dieu tu ne peux pas le faire. C’est dieu !

Tu voyages seulement pour les compétitions ?
Oui, moi je n’aime pas voyager Abidjan est trop doux…rire… mon alloco, mon attiéké, sauce graine je ne peux pas trop m’éloigner de ça…rire…

Que te rappelle le 18 juin pour ce monde et comment appréhendes-tu le gala ?
Le 18 juin c’est l’appel de De Gaulle ! Et pour moi, de même que l’appel de De Gaulle, je trouve par là le moyen de lancer un appel et dire aux jeunes que si de mon Soubré natal aujourd’hui je suis numéro 3 mondial, numéro 1 africain, 18 juin c’est une étape de plus pour me rapprocher du trône mondial en Muaythai WBC, c’est un appel pour leur dire que tout est possible. Il faut croire, il faut travailler. Il n’y a qu’avec le travail qu’on peut y arriver, il n’y a rien d’autre. Le travail va t’imposer à la société comme une valeur incontournable et une référence pour les autres.

Connais-tu ton prochain adversaire, ce combat est-il un challenge pour toi ?
Je suis ses combats, je connais son entraineur, son frère est un grand combattant de renommée mondiale et il est dans une bonne équipe. Déjà on a vu ses vidéos, il est très bon techniquement et tactiquement. Il est très bon, mais comme on l’a dit ça c’est une boxe à l’occidental, c’est très propre. Personnellement, je suis le genre de boxeur qui reconnait les qualités de son adversaire à la base. Mais ce n’est pas pour autant que je ne vais pas faire mon travail. Quand tu as un adversaire en face ce n’est pas honteux de reconnaitre ses qualités. Et techniquement, le gars il est très bon, il a l’avantage de la taille et du poids. Et en Muaythai, c’est ce qui compte parce que c’est le corps à corps, le travail demi distance, de distance et rapproché. Lui, il est dans un style de combat mi-distance et combat rapproché. Et ça montre l’intelligence de jeu, il a la clairvoyance. Pour le gabarit qu’il a 120 kilos, 1 m 96, il faut pouvoir le faire contrairement à moi 105 kilos et 1 m 89. Ce n’est pas une difficulté pour moi comme je l’ai dit notre boxe, c’est l’art de la guerre. A ce moment-là nous savons très bien et on essaie de comprendre le jeu. Il ne viendra pas à Abidjan pour faire le tourisme mais pour combattre, l’enjeu pour moi ce n’est pas la ceinture continentale ou le titre mondial, mais faudrait que mes gars arrivent à se dire derrière qu’on doit continuer de croire, que tout est possible car si Oly l’a fait, on peut aussi le fait. Oly n’est pas né en Thaïlande, il est né à Soubré, d’ailleurs je ne suis allé en Thaïlande que deux fois de ma vie. Même pas un mois comme durée donc s’il peut, c’est que c’est possible. Nous ne cherchons pas la gloire mais plutôt à faire avancer le peuple. C’est ce qui te motive à monter sur le ring qui fait la différence entre ton adversaire et toi. Mon problème n’est pas la défaite, mais faudrait que ceux qui me suivent puissent dire : ouais ! il a fait … !

Interview réalisée par Alfred Taho, contributeur PepeSoupe à Cocody.

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