Finaliste malheureux de la Coupe CAF avec le Séwé sports de San Pedro en 2014, le coach Rigo Gervais révèle l’importance des moyens financiers sur la scène africaine.
Quel sentiment général après votre brillant parcours en coupe CAF en 2014 ?
Les clubs ivoiriens doivent comprendre que les salaires et les primes de matches sont importants. Comment voulez-vous qu’une équipe assaillie par les difficultés du quotidien, puisse résister à des propositions alléchantes ? Je rappelle, par exemple, que les dirigeants de l’AC Léopards de Dolisie au Congo, nous ont proposé de l’argent pour qu’on se laisse battre. Mes joueurs et moi avons carrément refusé.
Vous n’avez vraiment pas été tentés ?
Non, pas du tout. C’était une incitation à la trahison. Nous voulions entrer dans l’histoire. Et l’occasion se présentait. Nos représentants n’ont pas la puissance financière de certains clubs sur le continent. Lorsque nous sommes allés jouer contre le TP Mazembe en RDC, nous avons vu que leur gardien Kidiaba, possède un immeuble construit avec ses revenus du championnat local. Le coach de l’Étoile du Sahel, équipe que nous avons éliminée à l’époque, Roger Lemerre, était payé à 6500 euros (4.258.000 millions FCFA)
Quel problème particulier avez-vous rencontré ?
Les clubs ivoiriens n’ont pas les moyens de locomotion de l’Espérance de Tunis, du TP Mazembe ou de Al-Ahly. Ces derniers voyagent en vol direct ou privé. Cela constitue un avantage réel pour eux. Nous autres, dormons dans les aéroports à même le sol durant des escales longues et épuisantes. Par exemple, en allant à Dolisie, de Brazzaville, on passe par Pointe noire d’abord. Là, on avait le choix entre le car ou l’avion privé du président de Dolisie. Sauf que lui, il prête son avion à ceux qui acceptent de se faire battre.
Un message ?
Il est important de repenser le fonctionnement de nos représentants sur la scène continentale. Des pays comme la Guinée, le Mali ou le Burkina Faso sont en train de développer leur football. Si la Côte d’Ivoire n’anticipe pas, elle perdra totalement sa place.
Propos recueillis
Par Arthur Zébé