Il y’a des métiers dont la dangerosité est établie, à tel point que la main-d’œuvre fait souvent défaut. Mais par ces temps qui courent, l’adage populaire trouve toute sa signification, « Il n’y a pas de sot métier… » Arouna Konaté est un jeune de 27 ans qui travaille comme convoyeur-manutentionnaire dans une entreprise de distribution de bouteilles de gaz.
Il voyage partout avec un chauffeur qui est aussi son chef, pour livrer des bouteilles de gaz en gros, dans des dépôts à travers les villes. Deux fois par mois ils viennent pour une livraison au quartier Energie de Yamoussoukro. Cela se passe dans une gare de taxi-brousse où se trouve aussi un petit marché de proximité. Arouna dit craindre à chaque fois un accident ; « Avec tous ces taxis qui arrivent ou qui démarrent à toute heure et à plein régime, des passants qui fument autour de nous pendant le déchargement, des vendeuses qui transportent du feu à bout de bras, je ne suis jamais tranquille. Le pire c’est quand les taxis qui roulent au gaz viennent se ravitailler au dépôt, pendant que nous y sommes avec notre cargaison.
Une fois, pendant que j’étais en haut du camion, j’ai entendu les badauds hurler de frayeur : une bouteille avait pris feu dans le dépôt et les gens courraient dans tous les sens. N’eût été le courage d’un taximan qui sût fermer la bouteille à temps, un drame serait survenu. Nous n’avons ni chaussures professionnelles, ni combinaisons ignifuges ni même des gants et des lunettes de protection. Mais j’ai besoin chaque mois du salaire de 120 000 F CFA pour m’occuper de ma famille » déclare-t-il ce Samedi 11 avril 2020 à Yamoussoukro.