En Côte d’Ivoire, il est devenu une tendance récurrente de voir les boîtes de nuit subir des “rénovations” peu avant les fêtes religieuses majeures, que ce soit le Ramadan pour les musulmans ou Pâques pour les chrétiens. Derrière ces fermetures temporaires se cache une réalité complexe, qui met en lumière les subtils enjeux économiques et sociaux de ces établissements de loisirs.
“C’est comme un cycle bien rodé. Quelques semaines avant le Ramadan ou Pâques, on voit soudainement les boîtes de nuit fermer pour ‘rénovations'”, explique Mamadou Touré, sociologue à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan. “Puis, miraculeusement, elles rouvrent juste à temps pour accueillir les fêtards sur leurs pistes de danse.”
Ce phénomène s’explique en grande partie par la volonté des tenanciers de ces établissements de se conformer, du moins en apparence, aux attentes et sensibilités des communautés religieuses pendant ces périodes de célébrations sacrées.
“Les boîtes de nuit savent pertinemment que leur activité n’est pas bien perçue par une partie de la population, surtout lors des fêtes religieuses. Fermer temporairement leur établissement leur permet de ménager les susceptibilités et de rouvrir ensuite sans trop de problèmes”, analyse Mamadou Touré.
Cependant, cette stratégie n’est pas dénuée d’arrière-pensées économiques. En effet, les réouvertures opportunes coïncident souvent avec une période propice aux festivités et aux dépenses, ce qui représente une aubaine pour les boîtes de nuit.
“C’est un calcul cynique, mais compréhensible d’un point de vue économique. Les tenanciers cherchent à maximiser leurs profits en se positionnant au bon moment sur un marché en effervescence”, poursuit le sociologue.
Bien que controversée, cette pratique témoigne de la capacité d’adaptation des acteurs du secteur de la nuit en Côte d’Ivoire, qui naviguent entre exigences religieuses, attentes sociétales et opportunités de marché.