Des métaux précieux dans les smartphones au rebut

Dans les ruelles d’Abidjan, un entrepreneur hors norme a su dénicher une niche insoupçonnée : le rachat et le recyclage des plaquettes mortes de téléphones portables et tablettes. Adama Koné a fait de cette activité un véritable business qui prend de l’ampleur.

Sillonnant la ville de long en large, ce jeune homme récolte auprès des particuliers et des réparateurs les composants électroniques défectueux ou hors d’usage. Sa grille tarifaire est simple : 100 francs CFA pour une plaquette morte de téléphone traditionnel, 150 francs pour une tablette, 200 francs pour un smartphone Android ou un iPhone 4/5. Les modèles plus récents comme les iPhone 6/7/8 sont rachetés 300 francs, tandis que les prix grimpent jusqu’à 1000 francs pour les dernières générations iPhone X, 11, 12, 13 et 14.

Qu’il s’agisse de vieux modèles basiques ou des dernières générations de smartphones haut de gamme, tout est bon à prendre selon cette grille tarifaire bien établie. Et lorsqu’on récupère des centaines de ces précieuses plaquettes chaque mois, les sommes en jeu deviennent vite conséquentes.

Au-delà du simple gain financier, cette activité contribue aussi à la préservation de l’environnement en évitant l’enfouissement ou l’incinération anarchique de ces déchets électroniques particulièrement toxiques.

Mais qu’advient-il ensuite de ces monceaux de cartes mères, processeurs et autres circuits imprimés ? Adama Koné les revend à leur tour à une société spécialisée dans le retraitement des composants électroniques. Ces plaquettes mortes repartiront alors vers des usines de raffinage, notamment en Asie, où les métaux précieux seront extraits dans des conditions drastiques.

Un business en plein essor tant la demande mondiale en terres rares et autres métaux stratégiques comme l’or, le palladium ou les terres rares est toujours plus forte pour alimenter l’industrie high-tech. Avec des millions de smartphones jetés chaque année, ces rebuts recèlent encore des ressources insoupçonnées à valoriser.

Grâce à cette activité de récupération, Adama Koné se positionne ainsi dans un marché très porteur de l’économie circulaire. Et ce n’est qu’un premier pas, car ce visionnaire ambitionne à terme d’ouvrir sa propre unité de retraitement des déchets électroniques pour maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur. Il peut compter sur un gisement quasi inépuisable, puisqu’il se déplace partout pour récupérer les plaquettes à partir de 40 unités, même s’il n’y en a que 10 chez un client.

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