Dans la fournaise de l’abattoir de Port-Bouët, ce sont les bœufs, les moutons et les cabris qui prennent la vedette. Ces herbivores voraces ont ouvert la voie à un marché florissant et à une opportunité d’emploi pour les ravitailleurs en herbes. Lors de notre visite sur place, nous avons pu observer une trentaine de personnes, jeunes et moins jeunes, qui proposaient leurs précieuses récoltes aux bouviers. Chargées à ras bord dans des charrettes, ces herbes s’étendaient à perte de vue, alignées par tonnes. Cependant, cette activité est principalement exercée par des Nigériens et des Maliens, avec quelques Ivoiriens d’ethnies peulhs et malinkés.
Quelques-uns ont consenti à partager avec nous leur expérience. Idriss, nouvellement arrivé dans ce secteur, s’est lancé dans l’activité il y a seulement un mois et semble y trouver son compte. Chaque jour, il parcourt de nombreux sites à la recherche d’herbes sauvages pour se procurer son précieux chargement. Les herbes sont vendues par bottes de trois à 500 francs, ou à la charrette, avec un prix variant entre 1 500 et 2 000 francs CFA en fonction de la taille de la cargaison.
Hammad, quant à lui, arpente les sentiers herbacés depuis neuf mois. Il affirme apprécier cette activité, qui lui permet de subvenir à ses besoins quotidiens. Bien que la vente d’herbes ne brille pas particulièrement aux yeux de tous et requière une énergie considérable, elle offre une opportunité à ceux qui s’y adonnent.
Ce business atypique a su se frayer un chemin dans l’économie locale, offrant un gagne-pain aux vendeurs dévoués. Malgré les efforts physiques et les contraintes inhérentes à ce métier, ils parviennent à en tirer profit, trouvant dans cette activité un moyen de subsistance. Loin des feux des projecteurs, ces travailleurs de l’ombre jouent un rôle indispensable dans l’approvisionnement des animaux destinés à l’abattoir, contribuant ainsi à une chaîne alimentaire essentielle pour la population.
Bainguié Jean-François, contributeur Pepesoupe à Port-Bouët.