Le Tchapalo, une boisson traditionnelle originaire du nord de la Côte d’Ivoire, se déplace graduellement des villages vers les zones urbaines. Les peuples Lobi, gardiens de cette boisson à base de mil et de sorgho, ont longtemps savouré cette délicieuse concoction avant qu’elle ne commence à conquérir les villes, notamment Abidjan, la capitale économique du pays. Dans des lieux évoquant la chaleur du village, tels que le quartier Ghotam à Selmer, des vendeurs de Tchapalo accueillent désormais les citadins, marquant ainsi son intégration réussie dans le tissu urbain.

Au cœur de cette urbanisation se trouve Palé Chantal, une entrepreneure déterminée à préserver la tradition tout en répondant à la demande croissante de la cité. Dans son tchapalodrome, un espace équipé de 4 apatams, Chantal et ses sœurs travaillent sans relâche pour produire la boisson prisée. La fabrication du Tchapalo est un processus exigeant, nécessitant en moyenne trois jours pour traverser les étapes de trempage, de séchage, de mélange et d’ajout de levain afin d’obtenir la saveur caractéristique de la boisson. Offrant des variantes sucrées ou corsées, le Tchapalo est réputé pour être digeste et posséderait des vertus thérapeutiques.

La reconnaissance des bienfaits du Tchapalo sur la santé abonde, comme en témoigne Konan Maurice, un fidèle client de Palé Chantal : “Le Tchapalo est efficace pour soulager la constipation et la fatigue.” Les qualités uniques de cette boisson semblent être l’un des secrets de son succès grandissant.

Vendu au prix de 400 francs CFA par litre, le Tchapalo conserve son caractère traditionnel et authentique. Les productrices de Tchapalo manquent de moyens pour une production en quantité industrielle malgré la forte demande. Cependant, avec la passion et le dévouement de figures telles que Palé Chantal, le Tchapalo continue de briser les barrières entre la tradition et la modernité, tout en préservant son héritage culturel unique.
Bainguié Jean-François, contributeur PepeSouoe à Yopougon.