À Abidjan, le 12 septembre 2023, nous nous trouvons à la gare intercommunale d‘Adjamé, où se déroule une scène familière, tout comme dans toutes les gares de la ville. Il est environ 18h. Après une journée de travail bien remplie, les citoyens se pressent pour regagner leur domicile au plus vite, et les files d’attente s’allongent de plus en plus. Cependant, un problème persiste au moment de payer leur titre de transport pour les trajets coûtant 300F ou 400F : le manque de monnaie. Pour pallier cette situation, les guichetiers proposent comme alternatives du Kleenex ou des bonbons.

En plus de ces propositions, des vendeuses ingénieuses d’oranges et de petites sucreries, respectivement à 50F et 100F, rodent à proximité. Les travailleurs pressés de rentrer chez eux, de retrouver leur famille et de savourer un peu de repos sont souvent contraints d’opter pour l’un de ces articles presque imposés afin de ne pas perdre leur monnaie ou de passer encore plus de temps à attendre à la gare.
Ces petits commerces improvisés fleurissent aux heures de pointe dans ces lieux. Awa, une vendeuse à la gare de la station Corlay, se réjouit des avantages offerts par ce problème de monnaie, qui incite les clients à acheter ses oranges. Elle constate souvent qu’elle reste là-bas pendant 2 à 3 heures et réalise plus de profits que dans son lieu habituel de vente. Les guichetiers, qui sont généralement membres des syndicats des transporteurs, semblent également profiter de la situation en vendant des dizaines de paquets de Kleenex chaque jour.

Tant que le problème de monnaie perdurera dans les gares, ces petits commerces improvisés continueront à prospérer, apportant satisfaction à leurs propriétaires et une solution temporaire bienvenue aux voyageurs pressés de rentrer chez eux. C’est une illustration intrigante de la créativité face aux défis quotidiens.
Bainguié Jean-François, contributeur PepeSoupe à Adjamé.