Les supporters lensois l’appellent « Captain Séko ». Pour eux, celui qui a porté le brassard de leur équipe 72 fois avec 21 buts en trois saisons, symbolise des valeurs prééminentes : détermination, rage de vaincre et générosité dans l’effort. Durant les tractations sur son départ annoncé à Al-Nassr, en Arabie Saoudite, où il a finalement signé le 18 juillet 2023, ils étaient opposés à toute idée de le voir partir.

Séko Fofana, lié au club jusqu’en 2025, qualifié pour la Ligue des champions, tourne le dos au stade Bollaert-Delelis de Lens. Dans son élan, il décoche d’abord un tir de barrage aux clubs européens lui courant après et prend la route de l’Arabie Saoudite. Là-bas, les pelouses serties de pétrodollars lui tendent 10 milliards FCFA annuels contre 1,2 milliard FCFA chez les Nordistes français. Du coup, il fait possiblement l’impasse sur une consécration européenne et la CAN 2023 en Côte d’Ivoire où déjà, ses embardées répétées font polémiques.

Il compte seulement 8 sélections avec la Côte d’Ivoire depuis 2017 et n’a pour seul titre que le Prix Marc-Vivien Foé du meilleur footballeur africain du championnat de France de la saison 2022. Sportivement, il vient peut-être de lâcher définitivement la proie pour l’ombre mais, financièrement, il lâche certainement la croix pour l’ambre. À 28 ans, n’ayant pas connu une ascension précoce comme Kylian Mbappé, Cristiano Ronaldo ou Yaya Touré, aurait-il eu plus belle occasion de se garantir une retraite confortable ? Est-ce l’étrange destin d’un héros espéré ?

Séko Fofana, joueur talentueux, au parcours tumultueux, demeure pour les terres ivoiriennes, l’enfant prodigue toujours attendu. Pour Lens, c’est le prodige prétendu aux semelles de vent. Il laisse à tous, un sempiternel vague à l’âme.

Arthur Zébé