Au cœur d’Abidjan, en empruntant la route de Dabou, on aperçoit un petit village nommé Niangon Adjamé qui se démarque comme un véritable hub des productrices d’attiéké, l’un des trésors culinaires de la Côte d’Ivoire. Ces femmes et quelques hommes travaillent sans relâche pour fabriquer des centaines de kilogrammes de cette spécialité culinaire à base de manioc, ravitaillant ainsi une grande partie du marché local et de la ville d’Abidjan. Mais leur endurance est mise à rude épreuve, car elles appellent désormais les autorités à investir dans l’industrialisation de l’attiéké, un label national en quête d’évolution.
Situé dans la vaste commune de Yopougon, Niangon Adjamé est devenu un point névralgique où se concentrent une soixantaine de femmes et quelques hommes passionnés par la production d’attiéké. Dans une multitude d’ateliers, ces artisans talentueux travaillent jour et nuit pour répondre à une demande croissante de cette spécialité des peuples Ébrié, Adjoukrou, Avikam, et bien d’autres.
Rencontrées ce 17 mai à 13 heures, Mémé et Abro Delphine, deux productrices d’attiéké de Niangon Adjamé, ont lancé un appel poignant aux autorités publiques. Elles expriment le besoin urgent d’investissements dans l’industrialisation de l’attiéké, cette fierté nationale. Ces femmes entreprenantes souhaitent ardemment l’acquisition de broyeuses et d’autres machines spécialisées qui pourraient optimiser leur productivité. Leur ambition est de dépasser la production actuelle de 50 000 tonnes annuelles, afin de répondre à une demande sans cesse grandissante, tant au niveau local.
Pourtant, ces productrices d’attiéké sont confrontées à un défi de taille : les fluctuations incessantes du prix du manioc. Cette matière première essentielle à la fabrication de l’attiéké connaît des variations qui pèsent lourdement sur leur activité. Afin de maintenir leur rentabilité à long terme, elles appellent également à la stabilité des coûts de production, permettant ainsi de garantir un approvisionnement régulier en manioc.
Bainguié Jean-François, contributeur Pepesoupe à Yopougon.