La construction de l’échangeur d’Abobo n’a pas fait que causer des dégâts collatéraux en détruisant des petits commerces, elle a aussi permis à d’autres activités de naître. C’est le cas du cirage, du lavage de chaussures et de bijoux ainsi que la manucure. Des activités menées par des adolescents ou à peine majeurs qui squattent les abords de l’échangeur.

Au nombre d’une vingtaine, ces gamins et jeunes de différentes nationalités partagent un intérêt commun, obtenir leur gagne pain. Âgés de 12 à 18 ans, voire 20 ans, ces jeunes se réunissent chaque jour sur cet espace devenu un lieu culte en proposant leurs services. Ils abordent tous les passants afin de les reconvertir en potentiels clients.
“Vieux père tes chaussures sont sales, viens les faire laver !
Ta chaîne là on peut djaiguai ça (laver) bien propre pour toi !”
C’est ainsi qu’ils abordent continuellement la multitude de passants qui défilent sous leurs yeux. Diakité Mamado, est élève. Il utilise ses temps libres pour la réparation et le cirage des chaussures.
Depuis un an, ses amis et lui occupent de façon occasionnelle l’espace aménagé sur la route pour la construction de l’échangeur. De 100 f pour le cirage ou 200 pour le lavage de chaussures et de chaînes, ou encore des prestations pouvant atteindre 1000 f selon la tâche à exécuter.

Régulièrement, ces jeunes peuvent rentrer chez eux avec 2000 f ou 3000 f par jour. Une petite cagnotte qui leur permet de subvenir à des besoins personnels pour certains et à faire face aux obligations pour d’autres.
Ces jeunes sont conscients de la précarité de leur business qui dépend de l’échangeur en construction. Une fois la finalisation du projet atteinte, ils quitteront les lieux pour d’autres destinations. Mais pour l’instant, chacun tire profit du moment.
Bainguié Jean-François, contributeur PepeSoupe À Abobo.