“Le travail, même s’il n’arrive pas à sortir l’homme de la misère, lui garantit sa dignité” disait Amadou koné, écrivain et professeur d’université.
Cette citation reste l’un des vecteurs du dévouement de Houon Brice, éboueur. Mais le métier de Houon est différent des autres éboueurs. Lui, est un chercheur de métaux précieux et de bijoux dans les caniveaux de la ville. C’est dans l’un de ces gros caniveaux situés au quartier toit rouge de Yopougon que nous l’avons rencontré.
Entre le courant d’eau ruisselante et les tas d’ordures que contient cet ouvrage, Houon attire la curiosité des spectateurs, impressionnés de le voir là. Sans gants, ni chaussures adéquates et sans aucun élément de protection, il plonge ses mains nues dans l’eau puante afin d’y retirer la boue. Une fois la boue sortie, il l’étale dans l’espoir d’y trouver le précieux métal tant convoité. Il reprend plusieurs fois cet exercice pendant de nombreuses minutes avant de changer de lieu. Et c’est à cette routine qu’il s’adonne chaque jour, qui lui permet de se prendre en charge tout en gardant sa dignité.
Interrogé sur les risques sanitaires auxquels il s’expose, Houon s’est voulu très rassurant. “Je suis contraint de descendre dans ces caniveaux car c’est ce que j’ai trouvé de mieux depuis quelques années. Mais c’est juste de l’acide que transportent ces déchets et rien d’autre. Quand j’y ressors, j’utilise seulement de la javel et du savon. Et depuis toujours, c’est ainsi que je fonctionne”, fait-il savoir.
À voir Houon Brice dans ces caniveaux en quête d’un hypothétique trésor, ce jeune homme laisse transparaître un message dans lequel l’abandon et le désespoir sont proscrits. Un modèle inspirant de combativité qui devrait animer plus d’un dans ce qu’il fait.
Bainguié Jean-François, contributeur PepeSoupe à Yopougon.