En Côte d’Ivoire, la chansonnette est un art, surtout dans les villages Baoulés. Dans ces localités, hommes et femmes sont passés maîtres et maîtresses dans l’art de la satire et la dérision des faits de sociétés. Avec une guitare, un grelot, un Ahoko ou une bouteille accompagnée de métal, ces derniers arrivent à produire des sons et des rythmiques qui accompagnent leur voix. En dehors de quelques artistes qui ont pu s’imposer au niveau national, cette musique est quasiment consommée uniquement par les personnes originaires du centre ouest.
Ce 09 mars, nous avons été au kilomètre 22, une localité située entre la commune de Yopougon et la ville de Dabou, où nous avons rencontré Krah Alexis, en prestation au maquis CR17. Ce dernier a pour modèle ses devanciers Amani Jonnhy, Sidonie la Tigresse, et N’guess Bon sens.
Krah Alexis pratique la chansonnette depuis plus de 20 ans mais n’a pas encore connu de succès. Malgré ses 2 albums dont l’un produit par feu Affouchi Magloire, ancien mécène à succès, ces opus passent inaperçus. Mais ce dernier n’en démord pas. Résidant désormais le quartier précaire de Gesco, Krah Alexis décide de porter comme nom d’artiste ” Belôgô“. Ce nom qui signifie : “que vous soyez en avance ou que je sois en arrière, j’arriverai quand même à bon port“. Un nom très évocateur qui, on espère, le fera sortir des bistrots en le mettant à la lumière.
Krah Alexis est conscient de ce que c’est l’alcool qui l’a mis en retard. Très accro, ce dernier passait tout son temps à lever le coude. Ce qui lui a été très désavantageux. Aujourd’hui, à 50 ans, il a pris la décision de ne plus s’enivrer afin de se donner une chance de carrière. Avec sa voix cassée, Krah, nous a raccompagnés avec l’une de ses dernières inspirations qui parle de la vie. Grâce à cette chansonnette, nous avons pu regagner chez nous en toute sécurité.
Bainguié Jean-François contributeur PepeSoupe à Yopougon.