Irréductible et hors du temps, le quartier de Blockhauss, le village pour être plus précis, s’offre au regard surpris de qui y va pour la première fois. Voisin au Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan, il s’efforce de conserver les prérogatives d’une authentique cité Atchan. Cerné de toutes parts par les maisons bourgeoises du vieux Cocody, Blockhauss ou Blokosso se distingue par son nombre élevé de maisons à étages et son bord lagunaire festif. Depuis l’un des nombreux maquis qui bordent la lagune Ebrié, vous aurez le privilège de voir des pêcheurs, tel Bancé Mamadi, voguer sur les eaux dans leurs pirogues.
Âgé d’une vingtaine d’années, ce joyeux luron aime la causerie. Avec animation, il nous parle de son activité qu’il pratique ici depuis l’âge de 13 ans. Ici, il a connu la belle époque où l’on n’avait pratiquement que la ligne à lancer ou le filet à tendre. Il pouvait gagner jusqu’à 40 000 francs CFA et même au-delà par sortie.
Aujourd’hui le constat est tout autre. Des pêcheurs comme lui, il y en a à la pelle. Venus de divers horizons, ils font aux locaux, comme lui, une féroce concurrence. Il stigmatise certains de ses collègues venus du Ghana. Venant du quartier Biaffra, situé sur la rive d’en face, ils n’hésitent pas, selon ses termes, à user de filets trop grands ou de produits chimiques. C’est, à ses yeux, tout le contraire de ceux venus du Togo qui résident vers l’ile Boulay. Leurs apparitions sont moins fréquentes, et surtout, ils pêchent la majeure partie du temps à l’épervier.
Bancé souhaite que les fréquentes altercations entre pêcheurs puissent trouver une issue favorable et définitive pour le bien de tous. Il s’inquiète notamment de la raréfaction du poisson.
Eckra Benie, contributeur PepeSoupe à Cocody