Le 22 août 2023, à Attécoubé, sous le ciel menaçant de ce début d’après-midi, notre périple nous conduit au village d’Abobodoumé, où nous rencontrons Eklou Koffi Dieudonné, un cordonnier d’origine togolaise. Ayant exercé auparavant au Togo, Dieudonné sera invité par une connaissance à se rendre à Abidjan pour monnayer son talent en faisant profiter les Ivoiriens friands d’élégance. C’est ainsi qu’il arrive sur les rives de la lagune Ebrié, posant ses valises dans les environs du marché du village d’Abobodoumé en 2005.
Timidement mais sûrement, Dieudonné démarre son aventure pleine de rêves, en créant des modèles d’entrée de gamme, notamment des sandales (tapettes et feraldini). Avec une singularité bien distincte, Dieudonné parvient à se démarquer des quelques cordonniers existants, dispersés dans ce village, et commence à marquer des points grâce à la diversité de ses modèles, dont les prix varient de 2000 à 5000 FCFA. De plus, ses tarifs sont très attractifs pour une qualité nettement supérieure à ce qui se fait habituellement. Peu à peu, il gagne la confiance des habitants du quartier où il travaille, et ces derniers diffusent ses créations dans d’autres quartiers. Il intègre ensuite des modèles de chaussures dessinés par lui-même en plus de ceux déjà existants sur le marché, le prix maximal étant de 25000 FCFA.
Doté de valeurs solides dont le travail et le mérite sont les principales, Eklou Koffi Dieudonné initie son neveu, Mana Kouassi, en classe de 5e, à l’apprentissage de la cordonnerie. Selon lui, au-delà des diplômes académiques, la connaissance d’un métier garantit une stabilité sociale.
Accueilli favorablement à son arrivée en Côte d’Ivoire et bien intégré, Eklou Koffi Dieudonné a pu aisément établir son entreprise dans le village d’Abobodoumé, contribuant ainsi à l’essor économique de celui-ci. Il se réjouit des retombées malgré le faible pouvoir d’achat des habitants.
Bainguié Jean-François, contributeur PepeSoupe à Abobodoumé.