« Ibé toulou dôni bla ». Entendez par là : « rajoute-y un peu d’huile ».
Ces mots sont traduits du “malinké”, dialecte d’un peuple éponyme de la Côte d’Ivoire.
À priori, demander dans sa langue d’origine qu’on rajoute de l’huile à son repas n’a rien d’exceptionnel et ne devrait pas donner lieu à un billet.
Entendre un homme parler son dialecte, ça irait de soi.
Sauf que ces mots proviennent… D’un libanais !
Si vous l’entendiez sans le voir, il n’y aurait aucun doute pour vous sur son origine : il serait “malinké”.
Il a la peau blanche, les cheveux lisses, les yeux caramel ; pourtant, il est impossible de faire la différence entre lui et un autochtone quand il ouvre la bouche.
Il parle le “malinké” de façon si fluide et ne mange principalement et prioritairement que des repas locaux, qu’on irait jusqu’à remettre en doute ses origines libanaises.
Présent à Adjame depuis les années 70, il a vu cette commune changer et évoluer au fil des décennies.
Il y a grandi et a tissé des liens forts avec les habitants de celle-ci.
Il y a loué un magasin 20 ans en arrière, dans lequel il commercialise des draps.
Aujourd’hui, il vit a Marcory mais ne peut se détacher d’Adjame.
Pour lui, le bonheur se trouve dans la proximité et la chaleur humaine ivoirienne, les repas pris en groupe, les “garba party” et les petites querelles ici et là.
“Quand je pars à Beyrouth et que je rentre en Côte d’Ivoire, dès que j’atterris sur le sol Abidjanais, je sens un nouveau vent, une nouvelle atmosphère. Je me sens enfin chez moi”, se confiait-il.
Tout le monde s’étonne de ce Libanais devenu totalement “malinke”, tant dans ses attitudes que dans sa façon de parler.
Si vous êtes curieux de découvrir le personnage de Sayegh Abdoul, l’invité de Sawa, visionnez cet épisode ci-dessous